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PRESSE (Articles et Interviews)

Doto Silence - Presse

Interview de DzokuKay, Balles 2 Rimes et Sista Kash


1. Qu'est ce que le film Doto vous a apporté ?
Dzokukay : D'abord sur le plan artistique cela rentre dans le palmarès du groupe de participer à ce projet , une première dans l'histoire du Togo ; sur le plan relationnel Doto a contribué à tisser des liens d'abord dans le milieu hip hop à Lomé. La chanson « 10 voix contre l'obscurité »(avec Djantakan, Dellah, Osara, Rakis, Prophète Job, Corones)en ait l'illustration et bien entendu d'autres collaborations sont à venir, ensuite à l'extérieur nous sommes en relation avec certains beatmakers du projet Doto (connexion Nord-Sud ) ; si vous passer par notre blog (http://www.myspace.com/dzokukay) vous verrez qu'il a fait peau neuve c'est grâce à Sam Dupuy, Webmaster (que nous saluons au passage) qui a accepté volontairement de le relooker .Il nous avait envoyé un commentaire et depuis on s'écrit. C'est aussi en partie grâce à ce film que nous venions de poser sur un projet de mixtape audio (Hidden Heart Chamber) produit par Prod Af, une structure composée de jeunes producteurs et beatmakers Berlinois.

Horus : la possibilité de s'exprimer, de dire se kon pensait ,ça ete aussi une vitrine pour mon groupe(balles2rimes) et moi

Da Beast : Grâce au film doto le monde entier saura ce qu'endurent les jeunes à Lomé.

Kash : Plus de conviction et de détermination dans mon art.

ODS : Doto nous a certifié notre capacité de représenter du moment où beaucoup sont passés devant la caméra mais le film n’a montré que ceux qui ont un message qui vient du cœur.

Dellah : Personnellement Doto m’a apporté beaucoup de choses entre autres les rencontres et les échanges avec les artistes venus de divers horizons qui ont acceptés tournés ce film. Je me suis rendu compte que nous partagions les mêmes conceptions pour une société plus libre et plus égalitaire malgré nos différentes conceptions musicales.

2. Doto a été un canal d'expression de la misère et de la colère des jeunes Togolais. Avez-vous l'impression de vous être soulagé dans ce film ?
Dzokukay : C'est vrai cela nous a permis de nous soulager mais ça ne s'arrête pas là beaucoup de choses doivent changer dans ce pays commençant d'abord par la réhabilitation de la vérité car c'est à ce seul prix qu'on pourra vraiment parlé de réconciliation tant souhaité par le régime en place depuis quarante ans rappelons le. On a accepté dénoncer le système à visages découverts parce que à un moment il fallait le faire. Nous ne représentons que la partie visible de l'iceberg derrière des milliers de jeunes pensent comme nous. Doto est juste le premier acte de la pièce une manière de dire à nos aînés qu'une génération arrive et elle se pose des questions, elle demande des explications et lorsque nos dirigeants comprendront cela alors nous pourrons parler de soulagement et dire qu'il y a de l'espoir.

Horus : oui et non
oui parce ke sa soulage toujours de dire ce qu'on pense
non parce ke on garde l'impression ke koi qu'on dise les choses resteront ou elles en sont

Da Beast : Parler de ses problèmes a toujours soulagé; cependant ce soulagement n'est pas total dans notre cas puisque nos soucis demeurent encore.

Kash : Oui ça on peut le dire, en Afrique peut importe le pays où l'on se trouve nous vivons des « galères »dont il faut parler cela ne concerne pas forcément l'argent ; il existe des jeunes qui vivent des problèmes plus douloureux que ça alors en tant que porte parole des opprimés je chante pour me soulager et les libérer.

ODS : la plus grande consolation qu’on peut donner à un homme attristé c’est de lui donner l’opportunité de s’exprimer. Nous comptons sur le vent qui traînera au loin nos paroles – qui sont d’ailleurs immortelles à travers ce film – et espérons qu’un jour quelqu’un pourra témoigner qu’après avoir visualisé Doto il s’est engagé à faire ceci ou à ne plus faire cela pour le développement du Togo.

Dellah : Il faut dire que Doto m’a permis d’extérioriser mes pensées et de faire passer un message d’éveil de conscience et surtout de dénoncer certains fléaux qui minent notre société

3. Si la situation sociale des jeunes du Togo avait été autrement seriez vous devenu rappeurs ?
Dzokukay : Bien sûr que oui ; nous sommes des Africains et le Rap bien qu'il s'est développé aux Etats-Unis à d'une manière ou d'une autre des origines Africaines c'est pourquoi il est très plaisant d'entendre un rappeur Africain faire son Rap en langue, c'est comme les incantations d'un prêtre vaudou et le prêtre ici c'est le MC (Master of Ceremony). Même dans les pays développés avec l'opulence et le bling bling habituel il y a des rappeurs qui essaient d'apporter leurs touches perso à la vie, de partager leurs visions, pourquoi pas ici au Togo.

Horus : oui je le serai devenu mais ce ki aurait changé ce serait ma perception du monde et de là ,je pense que mes lyrics ou mon flow n'aurait pas été ce qu'ils sont aujourd'hui

Da Beast : Même si je n'étais pas devenu rappeur, j'aurai exprimé mon amour de l'art dans un autre domaine artistique: le dessin, le cinéma, un autre genre de musiqe... Je ne suis que comme tout artiste, le reflet de ma société.

Kash : Bien sur le rap bien vrai à l'origine est né pour dénoncer les maux que nous subissons dans la société même avec une situation sociale différente je rapperai pour me libérer des douleurs personnelles ou celles que vivent mes proches car de nombreuses personnes vivent aussi les mêmes évènements que moi et s'y sentiront concernés.
C'est comme vivre quelque chose, l'analyser et partager son point de vue.

ODS : on a pas choisit devenir rappeurs mais le Hip hop nous a désigné et nous a envoyé sur un champ de bataille où notre seule arme est le micro. Si la situation des jeunes du Togo était celle de l’héritier de Bill Gate, on chanterait plutôt « le paradis c’est ici et l’enfer c’est le ciel »

Dellah : Ben si notre situation sociale avait été autrement mon côté artistique ou du moins mon genre musical serait toujours le même car j’estime qu’il y a toujours un message à passer.

4. Avez-vous accepté de participer à ce film documentaire plus par envi d'apparaître à l'écran ou plutôt de manifester votre colère ?
Dzokukay : D'abord Dzokukay n'a pas participé à ce film par hasard. Lorsque Jérémie Lenoir nous avait contacté en 2004 son premier film documentaire «Foniké » n'était pas encore tourné. C'est par après que nous avions vus comment les jeunes de Gnakry (Conakry) ont exprimés leur colère dans son film, cela nous avait permis de faire la comparaison et de se rendre compte que ces jeunes et ceux d'ici traversent les mêmes galères. Nous avons gardé le contact avec Jérémie et préparer le projet de son prochain film au Togo via Internet, trois ans après on tournait Doto. Non ce n'est pas par envie d'apparaître à l'écran mais pour faire passer des messages forts, pour briser le silence.

Horus : on a toujours envie d'apparaitre sur l'ecran .il faut etre franc doto est une opportunité pour nous mais il nous appartient en tant qu'artiste et rappeur de ne pas dissimuler la realité .la colere est en nous , elle est dans nos textes ,dans notre flow , dans notre maniere de s'exprimer musicalement et corporellement.nous reveler à l'ecran c'est la reveler

Da Beast : J'ai participé à ce film par envie d'exprimer ma colère et me faire écouter par le monde entier; pourque le monde entier m'entende, il faut une apparition sur les écrans.

Kash : Pour ma part les 2 vont de pair :dénoncer est primordial pour que les choses changent et évoluent et en tant qu'artiste il faut se faire connaître pour commencer une carrière de long chemin. Ce film est un canal d'exportation à la fois idéologique et culturelle.

ODS : Nous sommes toujours dans l’underground mais Doto n’est pas notre première opportunité d’apparaître à l’écran. Si vous avez encore l’opportunité de visualiser ce film, pesez un peu l’extrait signé par ODS ( qui est le seul élément slam de ce film ), vous comprendrez que notre texte est plus un ensemble de phrasées qui appellent à une prise de conscience par rapport à la situation sociopolitique qu’un ode pour conquérir le cœur de la petite Christiana du coin.

Dellah : Je suis plutôt en colère contre ceux qui bafoue la dignité de la femme. Quel que soient les coutumes, les races ou les religions sa condition doit être amélioré. Fermer un peu les yeux et imaginer que quelque part en Afrique les femmes sont privées de leur droit, violées, exploités. Ce n’est pas un rêve ça se passe chaque jour dans le monde réel et Doto m’a permis de révéler cela en partie et lorsque l’occasion le permettra je le crierai haut et fort .IL FAUT QUE CELA CESSE.

5. Que pensent vos parents du choix que vous avez fait de devenir rappeurs ?
Dzokukay : A votre avis ? Nos parents pensent qu'il n'y a pas de l'avenir dans la musique en générale au Togo. Ils voudraient bien qu'on soit des bureaucrates vu nos niveaux universitaires mais nos esprits ne sont pas sur la même longueur d'onde. Dieu seul a le secret, il y en a qui sont appelés à être des directeurs de sociétés, d'autres des commandants de garnison le tout est d'être sur le bon chemin et d'éviter de vampiriser la nature pour s'enrichir…

Horus : les parents generalement sont peace surtout si les etudes marchent .c'est une marque d'emancipation.c'etait difficile il ya 10ans d'imaginer des parents sponsorisés la musique de leur petits :c'est le cas avec certain de la nouvelle generation de rappeurs.mais pour la plupart ,tout est autoproduit disons ...ke les parents nous laisse le benefice du doute et nous tolerent

Da Beast : Ce choix de devenir poète de la rue, ne fait ni chaud, ni froid à mes parents.

Kash : C'est délicat et la chance que j'ai est qu'en musique je sois éclectique et ne vit pas avec eux tu vois ?
Pour eux c'est un domaine pervers qui ne m'apportera que des ennuis et qui ne paie pas en Afrique mais je constate avec l'appui de mon frère qu'ils me comprennent peu à peu et j'ai foi que ça ira dja est avec moi.

ODS : N’importe quel parent est soucieux du devenir de son enfant du moment où , autour de nous , les gens n’ont toujours pas compris que le Hip Hop est une industrie à part entière où on peut y gagner sa vie, un moyen par lequel on peut devenir plus important qu’une autorité administrative, les avis des parents sont moins encourageants.

Dellah : Mes parents me soutiennent et m’encouragent à persévérer car ils ont foi en moi et en ce que je fais.

6. Que pensent vos amis du choix que vous avez fait de devenir rappeurs ?
Dzokukay : Forcément ont a pas les mêmes aspirations et les mêmes conceptions de la vie. Il y a en qui nous tirent leurs chapeaux et d'autres qui pensent qu'on perd notre temps et font de sales mimiques à notre passage. On n'est pas obligé d'avoir l'accord de tout le monde pour faire la musique.

Horus : oh ,vous savez les amis ça s'accrochent et ça se decrochent en fonction du succes .il ya une dizaine d'années c'etait rare de se faire supporter maintenant t'as plein de fans a condition bien entendu que ton travail soit propre et capte la masse

Da Beast : D'autres pensent que c'est une perte de temps et pour d'autres c'est un choix digne de respect.

Kash : Ben heuh !!En général ils kiff tous et m'encourage mais me disent qu'il vaudrait mieux me consacrer à mes études et en faire juste une passion.

ODS : Les amis sont plus proches de nous que nos parents ; où disons plutôt que nos amis nous écoutent plus que nos parents. C’est la triste réalité en Afrique. Ils savent ce que nous écrivons dans nos textes ou encore ils se sentent défendus quant nous crions derrière le micro. Les maux qui les gangrènent sont nos maux. Les amis qui connaissent la vraie valeur de la chose ne ratent pas les petits podiums que nous animons.

Dellah : Mes amis, mes proches supportent ce que je fais. Quand aux regards extérieurs je ne sais pas ce qui est important c’est de se sentir bien dans ce qu’on fait.

6bis. En tant que fille, comment vivez-vous cette vie que beaucoup pensent être une vie réservée aux garçons rebelles ?
Kash : Pour le moment rien de grave à signaler. J'avoue qu'avant j'étais une fille speed, un vrai garçon manqué mais avec le temps,la radio,les relations m'ont assagit. Etre une rappeuse c'est spéciale et tu es tout le temps entouré de mecs car c'est avec eux que tu boss et lorsque tu expliques à des proches ou même à ton p'tit ami que c'est strictement professionnel ils ont du mal à l'accepter c'est le principal problème que j'ai mais j'apprend à gérer : une femme peut faire du rap et être une mère exemplaire.

Dellah : Le sexe n’a rien à voir, Franchement !

7. Vous sentez-vous différent des autres ?
Dzokukay : Non on est pas différents des autres nous n'avons peut être pas les mêmes opinions mais nous sommes des humains comme il y en a des milliards.

Horus : oui ça peut arriver parfois parce qu'en tant qu'artiste on est beaucoup plus critique a l'égard de gens,de la politique , du monde .les themes que nous abordons nous poussent sans cesse a plus de recherches ,a plus de reflexions. Alors parfois oui il arrive qu'on ne comprenne pas le monde ou qu'on se sente incompris de lui

Da Beast : Fréquemment; Mais je me dis que c'est la diversité des individus qui enrichit leur société.

Kash : Oui parfois cela m'arrive et je fais attention c'est tout

ODS : Même le plus grand homme de passage sur cette terre – Le Christ Jésus - ne s’est pas différencié des autres ; il a partagé un même plat avec Zaché le collecteur d’impôt Si nous , nous sommes mieux en chantant , quelqu’un d’autre est mieux en tapant dans le cure . C’est comme les yeux, les bras et le pied qui ont différentes fonctions autour d’un même corps. Aucun membre n’est plus important que l’autre.

Dellah : Non je me sens pas différent des autres franchement.

8. Vivez vous de votre profession ?
Dzokukay : Non pas encore Fo-mê est un animateur social dans le Comité de développement de son quartier et Ladaman est étudiant en FASEG sur le campus de Lomé. Nous sommes en train de creuser le sillon pour vraiment vivre de notre art et nous croyons dur comme fer en cela.

Horus : non ,impossible en afrique

Da Beast : Non!

Kash : Pas entièrement

ODS : Si vous entendez « argent » par cette question, nous dirons que non. C’est plutôt nous qui investissons dans notre art pour satisfaire en premier notre âme .Autrement dit tout artiste qui chante le fait pour lui-même d’abord ; quand il chante il s’écoute , s’il s’écoute il prend de nouvelles résolutions. De façon ramassé, financièrement parlant nous ne vivons pas de notre art mais moralement parlant le hip hop est notre force de vie.

Dellah : Non. Je ne vis pas encore de cette profession.

9. Comment arriver vous à vous en sortir ?
Dzokukay : Par les contributions de la communauté (Fo-mê) et les cours de répétition à domicile aux élèves (Ladaman).

Horus : en faisant autre chose qui rapporte ,en gardant la tete sur les epaules, et vivant cette passion du rap quand les circonstances nous le permettent.il nous faut profiter de chaque occasion car elles sont rares et le showbiz est toujours plein de magouilles .l'essentiel dans ce metier cest la foi !

Da Beast : En faisant des petites affaires à côté du rap et des études.

Kash : Ma mère me soutient beaucoup aussi travaille-je dans une radio,je fais des chœurs pour des groupes et aussi dans un cabaret de la place.
Cela me permet de me maintenir et de financer ma maquette.

ODS : Chaque jour est une vie ! Permettez de dire que tout artiste qui envisage l’argent en premier sera déçu, mais alors gravement. Il nous faut comprendre que Dieu donne la voix pour servir le monde, l’argent vient par après pour entretenir le corps que cette voix habite.

Dellah : En dehors de la musique, je suis modéliste ce qui permet de joindre les deux bouts.

10. Quant vous voyez les rappeurs des autres pays, vous sentez-vous inférieurs à eux ?
Dzokukay : Non du tout, ils ont des studios performants, des arrangeurs, des ingénieurs, bref ils sont bien encadrés et évoluent en structures mais nous avons pratiquement les mêmes niveaux. Installer l'équivalent du studio Davout (France) ou la moitié du Tuff Gong studio (Jamaïque) ici au Togo et vous verrez qu'il n'y aura pas de différence entre eux et nous. La plus part des jeunes artistes que nous avions présentés dans ce film évoluent en autodidacte depuis des années.

Horus : non absolument pas mais ce que j'envie cest les structures dont ils beneficient:cette benediction de pouvoir vivre de sa passion .c'est un privilege rare.Donnez nous les memes conditions et vous verrez ce que peut donner un rappeur africain la rage au ventre

Da Beast : Matériellement et médiatiqement, nous sommes inférieurs aux autres.

Kash : Je me dis qu'il faut travailler car chaque artiste à un style particulier. Inférieur ou supérieur non plutôt se donner à fond pour évoluer et atteindre un haut niveau.

ODS : Non pas du tout !

Dellah : Pas le moins du monde car si on se retrouvait dans les mêmes conditions on fera aussi de belles choses.

11. Quels sont les trois mots qui décriraient le rap Togolais à votre avis ?
Dzokukay : Simplicité, entreprenariat, créativité

Horus : rage, colere, évasion

Da Beast : Embyonnaire, volonté, espoir.

Kash : Originalité, franchise et positivité

ODS : Le vrai rap Togolais est encore underground et se décrit comme : Conscience, réalité et persévérance

Dellah : Rage, passion, engagement

12. Qu'attendez vous de votre profession ?
Dzokukay : Qu'elle arrive à nous faire vivre, à nous faire voyager sous d'autres cieux pour faire découvrir nos talents et apprendre par la même occasion des autres.

Horus : Qu'elle me permette de connaitre des horizons divers , des cultures diverses ,qu'elle m'enrichisse en tant qu'homme et en tant qu'artiste .Qu'elle me permette de decouvrir d'autres manieres d'envisager la vie,de laisser ma balafre dans l'histoire de la musique togolaise et africaine

Da Beast : Je veux faire par ma profession, la fierté de moi-même et des miens.

Kash : Je voudrai réellement en vivre et m'exporter pour que l'on ne dise pas que je me suis trompée sur mon choix pour qu'ensuite je vienne en aide aux jeunes démunis.

ODS : Laisser un nombre d’albums qui participent beaucoup à l’édification de notre propre génération et qui serviront de repère à tous ceux qui viendront après nous.

Dellah : Qu’elle arrive à me faire vivre même si c’est un peu utopique au Togo.

13. Quel plus grand conseil donneriez vous à un jeune Togolais qui veut se lancer dans la musique en général et le rap en particulier ?
Dzokukay : D'abord s'il est jeune et scolaire il ne faut pas qu'il arrête ses études à cause du hip hop il doit continué et franchir au moins le BAC c'est l'essentiel de nos jours et il faut qu'il apprenne à se faire confiance, après s'il accroche toujours Jah lui montrera la voix, il n y a pas un conseil carré en guise de mode d'emploi.

Horus : lire ,lire et lire .parcourir divers auteurs .s'informer sur l'histoire de notre pays ,de notre continent,acquerir l'ouverture d'esprit,developper son esprit critique, sa maniere de penser et de concevoir le monde

Da Beast : Le conseil serait qu'il ne néglige pas ses études, qu'il se spécialise en un domaine de l'informatique (appliquée à la musique ou infographie) et qu'il apprenne à jouer un intrument de musique.

Kash : Frère, rappe pour ajouter une pierre qui aidera à construire ton pays et l'humanité et fais toi violence car le secret de la réussite n'est rien d'autre que le travail et le sérieux. Peace&Love

ODS : Se battre, se battre et se battre. Il ne s’agit pas de se lancer dans la musique ou dans le rap en particulier comme vous le dites. Si votre musique vous sert seulement - je le répète - à conquérir la petite Christiana du coin ou de s’affirmer différend des autres en montrant les beaux habits à la télé, un producteur qui croit en vous aura cru en vain . La musique ou le rap en particulier est un chemin de combattants. Demandez à un certain Didier Awadi, il vous dira davantage.

Dellah : Beaucoup de patience et de courages.

14. Une maison veut vous produire mais vous devez changer de style et de message. Accepteriez-vous ?
Dzokukay : Pour notre groupe ce serait difficile de changer de style, puisque nous faisons du hip hop engagé et nous sommes parvenu à ce style après des années de travail mais sur un album les thèmes sont divers et variés quelques douces vibes peuvent l'influencer mais de là à nous dire de changer de style…

Horus : ce serait niker ma carriere c'est vraiment suicidaire et pas la peine

Da Beast : Peut-être oui si le nouveau style ne prône pas la débauche, l'immoralité et ne fait pas ridicule.

Kash : Non, car l'artiste doit être lui ; l'inspiration est quelque chose de divin qu'il ne faut pas contrecarré au risque de se noyer.
On peut modifier des choses pour les améliorer mais pas imposer de changer ce ne serait plus La Sista Kash.

ODS : Vous savez, tout style est bon pour passer un message. MAIS le problème naît du moment où l’artiste n’est pas à l’aise dans un style « X » qu’on lui impose ou un message qui est contraire à son idéologie. Imagine un certain Jacky Rapon à qui on demande de chanter à la R. Kelly ou un O’nell Malla à qui on demande de chanter les merveilles de Satan.

Dellah : Non ! Le style peut être amélioré mais pas changé. C’est comme tu demandes à Laury Hill de chanter comme Céline Dion…

Par Sitou Ayité, critique cinéma (à Lomé)
Fo-Mé pour Dzoku Kay, Horus et Da Beast pour Balles 2 Rimes, Sista Kash, ODS et Dellah ont répondu.


Interview de Jérémie Lenoir


Pourquoi avoir choisi le titre Doto pour votre film, vu que le rap a pour réputation "le refus de se taire" ?

C'est une façon d'inverser les rôles, de changer la place de celui qui parle et de celui qui écoute. "Silence ! On retourne" si vous voulez.

Comment s'est fait la sélection des rappeurs qui devaient tourner avec vous ? Il y en a tellement à Lomé !

En fait je suis venu à Lomé sur la base de deux contacts. Fo-Mé de Dzoku Kay (avec qui j'entretenais une correspondance internet depuis 2004) et Bobby de Djanta Kan que j'ai brièvement rencontré à Paris. J'ai demandé à ces deux rappeurs de me présenter leurs collègues [ndlr : Dzoku kay et Djanta Kan sont des groupes de rap togolais]. Ils se sont répartis un programme sur deux semaines (durée de notre séjour). Nous avons ainsi rencontré de nombreux groupes et improvisé avec eux le tournage de Doto. Qui est plus qu'un film de 53 minutes. C'est aussi un objet palpable, un dvd qui contient trois heures de film. Et un site internet.

Vous sentez-vous concerné par la misère de ces jeunes ?

Oui. Nous vivons dans un système d'échanges internationaux qui est très bien résumé dans Le Cauchemar de Darwin je trouve : les avions arrivent vides ou remplis d'armes, ils repartent chargés de nourriture. L'absurdité et la criminalité de la gestion mondiale des ressources ne font que s'accentuer. Il y a une nouvelle de Buzzati qui parle d'un gars qui achète une veste au diable. Chaque fois qu'il met la main dans la poche, il en ressort de l'argent. Au même moment, à chaque fois, une somme équivalente est dérobée quelque part dans le monde, violemment. Je me réfère à ce genre de fables.

Ces jeunes dans la plupart de leurs chansons accusent le pouvoir politique de leur pays et la colonisation, spécifiquement celle de la France. Vous êtes Français, est-ce une manière à vous de dire l'immixtion de votre pays dans la vie politique togolaise, comme l'affirment des analystes ?

La France a installé et soutenu Eyadema pendant 40 ans. À sa mort en 2005, elle a cautionné le coup d'État familial. Je vois ça comme un jeu entre quelques dizaines de personnes, un jeu qui se fait au mépris de toute une population. Pour l'argent (et le pouvoir), mais il entre aussi là-dedans une bonne dose de sadisme et d'esprit de laboratoire. Il y a un reportage que l'on peut voir en ligne sur l'histoire des rapports France-Togo [ cliquez ici ].
Le Togo est un cas très spécifique dans l'histoire de la colonisation française, une relation qui dure jusqu'à nos jours. Ce rappel des FAITS est aussi pour moi une façon de transformer le film en miroir lors des projections en France. Encore une question d'inversion.

Comment ont réagi ces jeunes lorsqu'ils se sont aperçus que c'est un Français qui vient les faire parler de la colonisation française ?

Très simplement pour certains. Pour d'autres c'était l'occasion d'un défoulement. Pour d'autres encore c'était gênant, comme si c'était un piège. Certains m'ont dit adorer la France et la colonisation. Je pense que la colonisation a toujours lieu et du coup je m'intéressais plus particulièrement aux évènements de 2005, parce que c'est comme si c'était aujourd'hui. Beaucoup de jeunes qui sont dans le film ont perdu des proches dans cette affaire, des parents. Ils ont dû courir pour échapper aux bastonnades. Mais évoquer cela c'est frôler la limite des nouvelles tolérances politiques et émotionnellement c'est dur. On a travaillé (et on continue) au dessus du fossé historique qui nous sépare et qui est rempli d'horreurs. Ce ne sont pas des questions théoriques.
"Un homme qui crie n'est pas un ours qui danse" disait Césaire. Quand je tourne un truc comme ça je ne m'attends pas à autre chose que ce que la réalité permet. Je ne cherche pas le happy end. Je me contente d'œuvrer à contre-courant.

Pensez-vous qu'il y a une issue de sortie pour ces jeunes ?

Ni l'art ni la jeunesse ne sont soutenus au Togo. Peut-être en extraira-t-on du marasme pour le mettre en avant à télé-guignol, lui payer un costard et rajouter à la confusion générale des idées…
Mais on peut toujours trouver des issues. Il y a une sorte de faille par exemple, de Trou dans le Mur, comme dans Stargate, pour s'échapper sans visa et échanger des idées et monter des projets. C'est Internet. Pour ceux en Afrique qui y ont accès (une minorité avec un grand M), internet peut être un outil puissant. Beaucoup s'en servent pour chercher un mari ou une femme fortunés. Il faudrait aussi l'utiliser pour chercher des alliés, monter des plans, s'afficher etc…Ce sont des choses qui commencent à se faire.
Vous pourriez interroger Fo-Mé (Dzoku Kay) là dessus. Je l'ai contacté en 2004 grâce à une page internet qui présentait son groupe. Trois ans plus tard (!!!) nous tournons Doto ensemble. Il y a toujours des failles, des issues, mais il faut viser juste. Et avec le poids qu'ils se trimballent sur le dos c'est loin d'être facile. J'en profite pour leur souhaiter le meilleur…


Qui a produit votre film ?

C'est un ensemble de bonnes volontés. Il y a d'abord eu le retentissement (relatif) de mon premier travail à Conakry (www.fonike.info) qui a beaucoup joué dans la concrétisation de Doto. Mon père a payé l'avion (Doto lui est "secrètement" dédié). Après ce sont des fonds privés, des emprunts à la famille, le minimum. Un ami des débuts, Simon Lienhard, a proposé de m'accompagner avec sa caméra semi-pro. Le film lui doit énormément. Entre autres les magnifiques plans de Job ou de Dellah (y compris le freestyle général), l'étalonnage, l'affiche et un soutien précieux.
Pour l'hébergement, la gestion au quotidien des dépenses, la planification des rencontres, la production exécutive, c'est Dzoku Kay et Djanta Kan qui s'en sont chargés.
De retour en France, c'est un an de montage sans salaire, et là, ce qui produit, c'est la motivation puis la ténacité puis l'espoir, comme chez vous. Je salue au passage Edsik pour sa contribution au son.

Ce documentaire vous place parmi les réalisateurs engagés, donc en quarantaine. Ne craignez vous pas un refus de financement lorsque vous vous déciderez à faire un film apolitique ?

Je ne réfléchis pas comme ça. Tout film véhicule un discours politique, qu'il le veuille ou non. Qui parle ? à qui ? et pourquoi ? J'espère bien trouver des financements un jour, pour pouvoir aller plus loin…

Pensez vous que le rap togolais, esthétiquement parlant, a de l'avenir ?

Oui bien sûr. Le hip hop est un virus mutant et immortel. Qui sait ce qui peut arriver ? Les contraintes que subissent les artistes togolais peuvent générer quelque chose de fulgurant. Regardez la littérature togolaise… Il y a un potentiel énorme au Togo, ce sont les débouchés qui manquent et cela finit par étouffer la créativité. Comme chez nous mais puissance mille.

Avez d'autres projets pour l'avenir ?

Continuer à creuser le sillon de Foniké et Doto, pour voir où il mène. Et affiner le tir.

Par Sitou Ayité
Sources: http://www.africine.org/?menu=art&no=7624


Critique du film suite à sa diffusion à Lomé


Omerta, malgré moi

Des paroles, une platine, un micro, des vinyles, c'est tout ce qu'il faut pour faire du rap. Parfois même moins ; comme le cas de ces jeunes de Lomé qui n'ont presque rien mais veulent exprimer leur angoisse et leur désespoir. C'est entre quatre murs d'une chambre sombre, sans décor qu'un rappeur, coiffé d'écouteurs et articulant des paroles apparaît en première scène du film. Ils sont nombreux à se lancer dans le rap à Lomé : Do'Ng, Bal 2 Rime, Dellah, Sista Kash... Simple prénom ou pseudonyme, ils ont tous quelque chose à dire. Rappeurs de l'ombre ou de surface, c'est une occasion pour parler de leur condition. Pourquoi ils sont si nombreux ? Effet de mode ? Soit, la mode chez les jeunes de Lomé, c'est la pauvreté et puisque le rap est l'instrument de résistance le mieux adapté pour échapper à la défonce, la prison ou le cimetière, ils l'ont préféré à la résignation. Colonialisme, piraterie, misère, dictature, tels sont les quelques thèmes de leurs chansons.

Des paroles, ils en ont ; des plus poétiques aux plus politiques. Des platines, ils n'en ont plus besoin depuis qu'ils se sont rendus compte qu'ils auront beau embellir leur musique, il n'y a aucun changement. Ils sont dans un pays qui les pousse à l'introversion et ne leur autorise que le rap poétique. Le rap politique est à prendre avec des pincettes s'ils ne veulent pas faire empirer leur condition de vie. Et pourtant, c'est de la politique qu'ils veulent parler dans leur musique car ils savent qu'elle est l'auteur de leur malheur.

Les deux seules solutions : c'est tourner autour du pot, en vouloir puis se taire ou dénoncer et s'exiler. Ces jeunes rappeurs ont privilégié la première option car dans la seconde, l'exil est synonyme de "se jeter dans la gueule du loup" puisque la France qui est sensée être le pays d'exil est partenaire de leur propre pays qui les opprime.Ceci n'a pas échappé au réalisateur qui, pour rendre son œuvre complète, n'a pas hésité à insérer des images d'archives qui dénoncent "une démocratie dictatoriale" d'une part et l'assistance à ce régime d'autre part. Le quartier Bè, le campus universitaire à Lomé, différents icônes de la rébellion sont les lieux où ces jeunes se retrouvent pour raconter leur douleur s'ils ne la racontent pas à la rue. La rue, quant à elle, est devenue le territoire d'expression de ces rappeurs. D'ailleurs ils ont toujours eu ce dont personne ne voulait. Dans un panoramique montrant la misère, ces jeunes au visage vieilli par la souffrance marchent aux pas ralentis dans les dépotoirs de la capitale. Ils l'appellent "Lomélancolie". Il faut avoir la force d'un samouraï pour contenir sa rage de vivre. Parce qu'il n'y a plus aucun espoir en bas, il faut regarder en haut pour le salut. En retournant la syntaxe, en triturant le français, en assaisonnant de son dialecte, ces jeunes trouvent quand même une place pour Dieu dans leurs paroles. Loin d'imiter le rap de l'oncle Sam, ils ont donné un style spécifique au rap tout en se fixant sur les critères de base. Ce qu'ils voudraient imiter, c'est ce décor de grosses cylindrées du pays de l'oncle Sam mais ils n'ont droit qu'à un vélo et au décor naturel d'ordures. C'est cette histoire que le réalisateur a voulu raconter dans un style "caméra direct" et la meilleure façon de la raconter est de donner la parole à ces jeunes. Mais seulement voilà, ils sont dans un pays où ils ont le droit de tout dire mais exclusivement à un certain niveau. Ils ont préféré DOTO.

Par Sitou Ayité
Sources: http://www.africine.org/?menu=art&no=7622


Foniké : Projet documentaire et musical en Guinée Conakry