1. Qu'est ce que le film Doto vous a apporté ?
ODS : Doto nous a certifié notre capacité de représenter du moment où beaucoup sont passés devant la caméra mais le film n’a montré que ceux qui ont un message qui vient du cœur.
2. Doto a été un canal d'expression de la misère et de la colère des jeunes Togolais. Avez-vous l'impression de vous être soulagé dans ce film ?
ODS : la plus grande consolation qu’on peut donner à un homme attristé c’est de lui donner l’opportunité de s’exprimer. Nous comptons sur le vent qui traînera au loin nos paroles – qui sont d’ailleurs immortelles à travers ce film – et espérons qu’un jour quelqu’un pourra témoigner qu’après avoir visualisé Doto il s’est engagé à faire ceci ou à ne plus faire cela pour le développement du Togo.
3. Si la situation sociale des jeunes du Togo avait été autrement seriez vous devenu rappeurs ?
ODS : on a pas choisit devenir rappeurs mais le Hip hop nous a désigné et nous a envoyé sur un champ de bataille où notre seule arme est le micro. Si la situation des jeunes du Togo était celle de l’héritier de Bill Gate, on chanterait plutôt « le paradis c’est ici et l’enfer c’est le ciel »
4. Avez-vous accepté de participer à ce film documentaire plus par envi d'apparaître à l'écran ou plutôt de manifester votre colère ?
ODS : Nous sommes toujours dans l’underground mais Doto n’est pas notre première opportunité d’apparaître à l’écran. Si vous avez encore l’opportunité de visualiser ce film, pesez un peu l’extrait signé par ODS ( qui est le seul élément slam de ce film ), vous comprendrez que notre texte est plus un ensemble de phrasées qui appellent à une prise de conscience par rapport à la situation sociopolitique qu’un ode pour conquérir le cœur de la petite Christiana du coin.
5. Que pensent vos parents du choix que vous avez fait de devenir rappeurs ?
ODS : N’importe quel parent est soucieux du devenir de son enfant du moment où , autour de nous , les gens n’ont toujours pas compris que le Hip Hop est une industrie à part entière où on peut y gagner sa vie, un moyen par lequel on peut devenir plus important qu’une autorité administrative, les avis des parents sont moins encourageants.
6. Que pensent vos amis du choix que vous avez fait de devenir rappeurs ?
ODS : Les amis sont plus proches de nous que nos parents ; où disons plutôt que nos amis nous écoutent plus que nos parents. C’est la triste réalité en Afrique. Ils savent ce que nous écrivons dans nos textes ou encore ils se sentent défendus quant nous crions derrière le micro. Les maux qui les gangrènent sont nos maux. Les amis qui connaissent la vraie valeur de la chose ne ratent pas les petits podiums que nous animons.
7. Vous sentez-vous différent des autres ?
ODS : Même le plus grand homme de passage sur cette terre – Le Christ Jésus - ne s’est pas différencié des autres ; il a partagé un même plat avec Zaché le collecteur d’impôt Si nous , nous sommes mieux en chantant , quelqu’un d’autre est mieux en tapant dans le cure . C’est comme les yeux, les bras et le pied qui ont différentes fonctions autour d’un même corps. Aucun membre n’est plus important que l’autre.
8. Vivez vous de votre profession ?
ODS : Si vous entendez « argent » par cette question, nous dirons que non. C’est plutôt nous qui investissons dans notre art pour satisfaire en premier notre âme .Autrement dit tout artiste qui chante le fait pour lui-même d’abord ; quand il chante il s’écoute , s’il s’écoute il prend de nouvelles résolutions. De façon ramassé, financièrement parlant nous ne vivons pas de notre art mais moralement parlant le hip hop est notre force de vie.
9. Comment arriver vous à vous en sortir ?
ODS : Chaque jour est une vie ! Permettez de dire que tout artiste qui envisage l’argent en premier sera déçu, mais alors gravement. Il nous faut comprendre que Dieu donne la voix pour servir le monde, l’argent vient par après pour entretenir le corps que cette voix habite.
10. Quant vous voyez les rappeurs des autres pays, vous sentez-vous inférieurs à eux ?
ODS : Non pas du tout !
11. Quels sont les trois mots qui décriraient le rap Togolais à votre avis ?
ODS : Le vrai rap Togolais est encore underground et se décrit comme : Conscience, réalité et persévérance
12. Qu'attendez vous de votre profession ?
ODS : Laisser un nombre d’albums qui participent beaucoup à l’édification de notre propre génération et qui serviront de repère à tous ceux qui viendront après nous.
13. Quel plus grand conseil donneriez vous à un jeune Togolais qui veut se lancer dans la musique en général et le rap en particulier ?
ODS : Se battre, se battre et se battre. Il ne s’agit pas de se lancer dans la musique ou dans le rap en particulier comme vous le dites. Si votre musique vous sert seulement - je le répète - à conquérir la petite Christiana du coin ou de s’affirmer différend des autres en montrant les beaux habits à la télé, un producteur qui croit en vous aura cru en vain . La musique ou le rap en particulier est un chemin de combattants. Demandez à un certain Didier Awadi, il vous dira davantage.
14. Une maison veut vous produire mais vous devez changer de style et de message. Accepteriez-vous ?
ODS : Vous savez, tout style est bon pour passer un message. MAIS le problème naît du moment où l’artiste n’est pas à l’aise dans un style « X » qu’on lui impose ou un message qui est contraire à son idéologie. Imagine un certain Jacky Rapon à qui on demande de chanter à la R. Kelly ou un O’nell Malla à qui on demande de chanter les merveilles de Satan.